• chapitre 2.1

     

    14/04/309 du calendrier de l’ancien empire d’Antar. Trois centième année du règne de la reine Mathilde.

     

    Le jour se levait, assombrit par la pluie. Rassembler autour de la tombe fraîchement creusée, une dizaine de personne rendait hommage à leur disparu, plus ou moins triste.

    J’observai leur cercle, à distance respectable lorsque, entre une prière du prêtre et un sanglot de la veuve éploré, je sentit une présence derrière moi et une voix me murmurât a l’oreille

    -On enterre qui ?

     Je tournais la tête pour trouver Thanatos, dieu de la mort. La dernière fois que je l’avais vu il portait une armure noire et une longue cape. Il les avait troqués pour un long manteau en cuir noir, un pantalon noir et une paire de botte en cuir. Ses cheveux lui tombaient sur les épaules et ses yeux étaient cachés derrière des lunettes noires.

    -J’en sais rien. J’ai vu du monde alors je suis venu.

    -Comme ça ?

    -Oui. Je viens souvent dans les cimetières des fois que je rencontre quelqu’un que je connais. Et puis je trouve l’ambiance calme et relaxante

    -Ca tu peux le dire, c’est mort ici.

     

    Nous avons quitté le cimetière pour rejoindre mon petit appartement. Thanatos s’assit à la table et, après un moment de discussion, je lui tendis une lettre.

    Apres l’avoir lu, Thanatos m’a regardé.

    -Et alors ? C’est une invitation pour le tricentenaire de règne de la reine. En quoi ça me concerne ?

    -Vous êtes invité. Lui dis-je. Toi et Eros.

    -Quoi ? Même mon frère est invité ? Elle invite vraiment n’importe qui. Dit-il en riant.

    Je le regardais en souriant.

    -C’est un bal officiel au palais.

    -Faut venir en armure d’apparat ?

    -Non. Mais préviens-le.

    -D’accord. Je lui dirais. C’est quand ?

    -Dans deux jours.

    -On se reverra a ce moment la alors.

    Il disparut en claquant des doigts.

     

    Deux jours plus tard je me présentais au palais où je fus conduit à la grande salle du trône par un serviteur en perruque poudrée.

    -Mr Cyril! Annonça un valet au moment où je passais la porte.

    La salle était grande.  Au fond, en face de la porte se trouvaient deux trônes majestueux. L’un était vide et, sur l’autre siégeait une jeune femme en qui je reconnus la reine. Derrière elle, un peu en retrait se tenait un adolescent, son fils, Lohis, qui fêterait bientôt ses trois cent ans. Contre l’un des murs de la salle se dressait une table couverte de nombreux mets différent. Le long de l’autre mur s’alignaient des gardes en armures. Des groupes de convives occupait le reste de la pièce et un petit orchestre installé dans un coin jouait de la musique douce.

    Je m’approchais du trône quand le garde à l’entrée annonça :

    -Sa seigneurie Florian, duc d’Ascandralth.

    Je me retournais et vit, en haut des marches, un homme en qui je reconnus mon ancien compagnon de voyage. Ses vêtements amples laissaient deviner une musculature importante, sa barbe était fraichement rasée et il semblait brillé. Au dessus de ce mètre quatre-vingt-quatre se dressaient son éternel épi.

    Il balaya la salle du regard et ses yeux se posèrent sur moi, après avoir étudié l’intérêt du buffet.

    Il s’approcha de moi et me salua. Nous reprîmes ensuite notre route vers le trône, et, arrivé au pied des marches les trompettes se mirent à sonner.

    -Sa seigneurie Alexis 1er. Empereur d’Antar et des terres du nord !

    Nous nous retournions à temps pour voir entrer un homme en qui je reconnus notre autre compagnon de route : un mètre soixante dix environ, il était vêtu d’un long manteau d’hermine qui traînait derrière lui et le cachait presque entièrement. Seul sa tête, et ses mains dépassait. Ses pieds, revêtu de chaussure cousu de fil d’or, émergeait a chacun de ses pas.

    Il descendit les marches et s’approcha du trône. Flo alla à sa rencontre, les bras ouvert.

    -Alex !

    -Sire Alex ! Rectifia l’intéressé. Comment ça va ?

    -A merveille, votre seigneurie.

    La reine se leva et Alex s’inclina devant elle.

    -Votre majesté. Dit-il en déposant un baiser sur le dos de sa main avant de se relever.

    Il me parut bizarre car il se penchait en gardant le dos droit, comme maintenu par une barre de fer.

    Je m’approchais et nous rejoignîmes la reine en haut de l’estrade où se trouvait le trône. D’ici nous avions une vue d’ensemble sur la salle où les groupes de nobles s’étaient formés. En face de nous la porte s’ouvrit et le majordome annonça :

    -Messieurs Eros et Thanatos ! Dieu de la lumière et des ténèbres !

    Thanatos portait un costume cravate entièrement noir et son manteau était déformé a la hanche par une épée. Eros, son frère, était vêtu d’un costume blanc crème et d’un manteau léger beige. Il portait lui aussi une épée courte à la hanche.

    Alexis s’approcha d’eux et, ouvrant les bras, s’écria.

    -Thana !

    L’intéressé s’arrêta en face de lui. Il faisait presque une tête de plus que lui.

    -Tu m’as déjà désarmé avec les dents ?

    -Non

    -Alors tu ne m’appelles pas Thana. Conclut-il en passant à côté de l’empereur.

     

    Les deux frères s’inclinèrent au pied du trône et se relevèrent en remerciant la souveraine de ses invitations.

    -Bah. Ca fait un peu de distraction dit Alex. Je commençais à m’ennuyer sec dans mon palais.

    -tu n’as qu’à faire des fêtes. Lui conseilla Florian. Ca fait de la distraction et ça plait toujours au peuple.

    -Le peuple me prend pour un dieu. Remarqua alex. En même temps c’est normal, ça fait trois siècles que je suis au pouvoir.

    On a tous sourit.

    -Mais d’ailleurs, s’étonna Flo, Mathilde n’était pas immortelle. Comment se fait-il qu’elle soit encore en vie ?

    Mathilde parut surprise.

    -Ben en fait… commença Thanatos, gêné.

    Heureusement pour lui, il fut interrompu par le majordome qui semblait comme hypnotisé quand il annonça :

    -Sa seigneurie le Grand Dieu en personne !

    Les trompettes sonnèrent et tout le monde se retourna pour voir entrer un vieillard barbu.

    Tout le monde… sauf Thanatos qui soupira.

    -Pas possible d’être tranquille. Il est omniprésent.

    -Et omniscient aussi ! dit le vieux qui avait traversé la salle a une vitesse qu’un coureur de cent mètres n’espérerait même pas atteindre. Tu l’oubli trop souvent, mon fils.

    Alexis regarda successivement le vieux et Thanatos.

    -C’est… ton père ?

    -Oui. Je le suis le fils du maître du monde lui-même.

    -Et oui j’ai le plaisir d’être père. Dit le grand dieu. Mais pas celui d’être grand-père.

    -Pas mon boulot, la succession. Murmura Thanatos.

    -Je fais ce que je peux mais elle ne veut pas. Marmonna Eros.

    On a tous rigolé.

    -C’est pas tout mais tu m’avais dit que tu te mettais en quête tout de suite. Déclara le vieillard à Thanatos.

    -Excuse-moi papa mais j’avais prévu d’attendre la nuit pour commencer.

    -En quête de quoi ? demanda Flo.

    -En quête du… commença Thanatos.

     

    A ce moment, la porte s’ouvrit et un homme entra. Il tenait une épée à la main et ses vêtements étaient couverts de sang.

    -Mort a la reine ! Hurla-t-il avant de courir vers le trône.

    Il fut arrêter par trois garde qui réussir, au prix de nombreux efforts, a le jeter a terre.

    D’autres hommes entrèrent, des épées ensanglantées a la main. Les nobles présents dans la salle prirent peur et se précipitèrent vers la moindre sortie a portée, c'est-à-dire les portes dérobées et les fenêtres, dans la plus pure représentation de la panique.

    Pendant ce temps les gardes avaient été débordés et l’un des attaquants était parvenu au pied de l’estrade du trône. Alexis s’avança et rejeta son manteau d’hermine. Je compris alors pourquoi il se penchait aussi droit : en dessous il portait une armure de cuir et sa hache à deux mains était accrochée, par un jeu de ceinture, dans son dos. Il la dégagea et trancha la tête de l’homme.

    L’homme s’effondra, avant de se relever, une tête fantomatique à la place de l’ancienne qui gisait par terre.

    Thanatos et Eros se regardèrent et ils dégainèrent leur épée.

    -Ca sent le spectre à plein nez. Dit Thanatos avant de foncer dans la mêlée, suivit par son frère et Alex, qui semblait content d’avoir enfin une distraction.

    Les gardes royaux avait reculé jusqu’au trône et, quand Mathilde se leva et s’avança, l’un d’eux l’arrêta.

    -Votre majesté ! Vous êtes en sécurité sur le trône.

    Mathilde s’approcha de lui.

    -Certainement pas avec une bande d’incapable comme vous pour me protéger ! Donnez-moi ça. Dit-elle en lui arrachant son épée des mains. Je vais vous apprendre à vous en servir.

    Je regardai Florian et lui dit

    -Bon ben. Allons-y.

    -Oui. Me répondit-il. C’est la dernière chose qu’il reste à faire.

    Je fis apparaître une épée dans ma main et il invoqua ses sabres et nous nous jetâmes dans la bataille.

     

    Au bout de dix minutes, les trente assaillants étaient tous vaincu et, alors que Mathilde achevait le dernier, le grand dieu, applaudit notre performance.

    -Bravo. Bravo. Maintenant réfléchissez, si des spectres se ramènent ici, quel est le premier endroit où leur chef ira ?

    Thanatos releva la tête de sa dernière victime.

    -Le sanctuaire !

    Il se rua sur Mathilde.

    -Est-ce qu’on peut accéder au souterrain ?

    Elle le regarda.

    -Oui. Pourquoi ?

    -Il faut qu’on y aille tout de suite.

    -D’accord. Suivez-moi.

    On l’a suivit dans les couloirs du château jusqu'à un passage, descendant vers les souterrains, cacher derrière une armoire.

    * * *

    L’homme courait dans les couloirs, haletant. On aurait pu croire qu’il fuyait au hasard des couloirs, mais au fond de lui les plans des souterrains étaient gravés dans sa mémoire et il savait exactement où tourner.

    Il déboucha dans un cul de sac et s’arrêta un instant pour reprendre son souffle puis il fit apparaître une épée courte dans sa main droite. La garde de l’épée était dorée et un petit emplacement la perçait. La lame était entièrement noire.

    Il brandit l’épée et frappa les murs autour de lui. Celui qui lui faisait face pivota en grinçant.

    L’homme entra et la porte se referma derrière lui.